L'échappée belle
Ça a commencé sournoisement. Il y a quelques mois de cela. Un premier pote annonce qu'il quitte son super job dans une super boîte avec de super responsabilités (et un super stress) pour faire de la sophrologie. Une amie lui emboite le pas : Ancienne programmatrice d'un gros club, elle veut se consacrer au tricot pour animaux et faire des massages à domicile, une autre connaissance démissionne d'une grosse agence de pub pour faire du folk de barbu. Quand c'est pas un ami d'ami qui arrête la musique pour faire du fromage bio dans un bled près des Pyrénées. Moi même, sur les conseils d'un ami DJ je me renseigne pour faire une retraite de quelques jours dans une abbaye. Comment en est on arrivé là ? Trop de raclettes entre amis annulés, trop de piles de livres fabuleux en retard, de disques (mp3) qui s'entassent dans le disque dur, de trajets en métro pénibles à se regarder en chien de faïence, de mauvaises blagues de bureau entendues à la machine à café. Et c'est pas prêt de s'arranger...le lip dup de l'UMP, la crise généralisée, le taux de chômage (et surtout les employés du Pole Emploi), les photos de traders rougeauds, autant de plaies qui n'inspirent qu'une chose : la fuite.
Il y a quelques jours justement ma mère (marseillaise) me parle d'un certain Henry Quinson, devenu le nouveau héros local depuis la publication de son autobiographie au titre évocateur Moine des cités, De Wall Street aux Quartiers-Nord de Marseille (éditions Nouvelle Cité/Prix 2009 de littérature religieuse). Le type enchaîne les télés et les radios en racontant sa vie. Son histoire? Ce franco-américain était un jeune banquier d’affaires (le golden boy typique) qui gagnait et flambait des millions de dollars avant de tout plaquer pour vivre dans un monastère en Savoie et habiter ensuite une cité HLM dans les Quartiers-Nord de Marseille. Il y a fondé une fraternité d'aide et d'échange. « Ce lundi matin 16 octobre 1989, je ne peux résister à la force qui m’habite. Je me lève : je dois démissionner… » raconte il dans son livre. Ca fait rêver. Et réfléchir. L'histoire du mec qui en a marre de sa putain de vie, plaque tout…et ne se retourne pas. Jamais.
Sans avoir suffisamment de couilles (ou d'armes ou de vêtements de cuir assez rutilants) pour exploser le système, on se calme les nerfs, on s'évade en écoutant le courant musical à la mode, la « chill wave ». Ca fait quelque temps qu'on n'écoute plus que ça, qu'on a d'yeux que pour la musique baléarique, tropicale ou cosmique. Le prochain Vampire Weekend s'annonce afro-pop, les percussions entendues chez Damon Albarn et ses derniers projets nous font prendre la tangente vers une contrée ensoleillée, et plus récemment Friendly Fires, Wavves, Neon Indian, Washed Out, Memory Cassette ou Fool's God enchantent par leur exotisme. On appelle ça l'escapism chez les Anglo-saxons: face à la crise, on fantasme un ailleurs musical meilleur.
En attendant, pour fuir un peu le morne quotidien, voici déjà une solution altenative, la lecture de ce numéro du Kultorama sur le thème « the escape » (du titre de la collection Kulte). On s'évadera avec un article sur la théorie du savoir revivre de Jacques Massacrier (principale influence sur cette thématique), la folie douce et la pop qui voit loin de Maman Records, les rythmes exotiques de Get Back Guinozzi!, le maxi galactique de Jan Turkenburg (le bien nommé « In My Spaceship »). On rêvera avec les illustrations poétiques de Stephane Manel. On se lovera dans du coton bio et on fera connaissance avec le magazine gratuit et « open-mind » Redux. Bon voyage!
Violaine Schütz
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire