mardi 9 février 2010

Get Back Guinozzi !


Texte de Violaine Schütz
publié dans TSUGI

Get back Guinozzi!

Psycho-pop

Avec leur mix de reggae, post-punk, musique tropicale et surf 60s, les français de Get Back Guinozzi! livrent avec « Carpet Madness » une réponse enjouée à l'exigeante excentricité des américains d'Animal Collective. Et si GBG! était la meilleure chose qui soit arrivée à la pop frenchy depuis Elli et Jacno?

Dans un café face à la Gare du Nord, une jolie brune en veste imprimée « jungle et fauves », et rouge à lèvres rouge sang, sirote un jus d'ananas : « C'est moi Eglantine Gouzy, Indiana Jones de la musique. J'ai eu un accident à la jambe il y a quelques années suite auquel j'ai du resté enfermée à la maison pendant deux ans. Après ça, j'avais envie de faire de la musique autrement, ne ne pas m'installer musicalement ou intellectuellement. Je suis partie en 2008 dans la jungle indienne. j'étais comme Mowgli dans la forêt, je chantais comme un babouin, c'est là que j'ai été recontactée par mon ami Fred. »

C'est ainsi qu'est né Get Back Guinozzi!, le projet d'Eglantine Gouzy, ex étudiante aux Beaux-Arts, parisienne exilée à Londres de 35 ans, compositrice de no-wave arty sur une compilation du label allemand Monika (For Woman No Cry en 2005) et un premier album éponyme solo foutraque (en 2006), et Fréderic Landini. Tout aussi électron libre, ce dernier vit à Toulon, affiche 46 ans au compteur et une âme d'adolescent. Après avoir fait partie d'un collectif de hip hop dans le sud, et lancé plusieurs sound-systems reggae, Fred dirige le défricheur Midi festival à Hyères. Autant dire que l'union de ces deux figures atypiques ne pouvait qu'être fantasque.

Sauf qu'en vérité, la musique du duo est encore plus dingue. Carpet Madness, le premier album farfelu de GBG!, compile tout à la fois le Cure des débuts pour son exotisme, Ariel Pink pour les délires lo-fi, le sens de la mélodie nostalgique des Smiths, la folie des Talking Heads, mais aussi le minimalisme élégant des Young Marble Giants. « On fait de la musique en toute liberté, raconte Fred, alors qu'on évolue dans un monde hyper codé. C'est pour ça qu'on a aimé les images montées par Jean Luc Charles, photographe et réalisateur pour le Midi Festival, qui a compilé pour notre premier single, « Low Files tropical » des archives hédonistes d'une boite de nuit qui appartenait à son père à Bandol, dans les années 70. Ce lieu a été plastiqué plusieurs fois. »

« Libertaire » c'est le mot qui convient le mieux aux chansons de « Carpet Madness », aussi bien musicalement parlant (on navigue sans arrêt entre voix pop naïve, reverb caribeenne, percussions afro et beats électronica) que textuellement. Les paroles d'Eglantine, fantaisistes à souhait, partent à peu près dans tous les sens et invitent à se défaire de toutes nos habitudes en matière de clichés rock. « Pour le morceau « Carpet Madness », le point de départ c'est Saint Macloud, enfin l'équivalent du marchand de tapis en Angleterre. J'ai une photo terrible de moi devant la vitrine où j'ai l'air d'une folle, et j'ai eu des histoires très compliquées dans ce magasin. Il y a aussi du Ariel Pink, du Gainsbourg dans les influences. « L.A » c'est Donna Summer rencontre Bret Easton Ellis. Mais il y a aussi Morrissey, King Kong, Elvis, Roy Orbison dans cet album. En fait, je joue tous les personnages à la fois, ce qui est complétement schizo, je l'admet. »

Schizo, certes, mais surtout jouissif pour l'auditeur blasé, qui ne peut être fou de joie à l'écoute de tant de fraicheur et d'inventivité.

Carpet Madness (Fat Cat/Discograph)

www.myspace.com/getbackguinozzi

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