dimanche 19 juillet 2009

Interview de Tiga parue dans le magazine du Social Club en 2008

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Tiga

A 34 ans seulement, le Canadien Tiga a déjà eu mille et une mille vies. Dj sex symbole, auteur du tube dancefloor inusable « You gonna want me », patron de label, tenancier de boite de nuit, producteur, remixeur, animateur de podcast (sur son site web), styliste, mais aussi-et surtout- grand fan de musique. Il nous dit tout dans une interview « bilan » multi-facettes mais sans « fard ».

Propos recueillis par Violaine Schütz

Peux-tu nous dire ce que tu fais de beau en ce moment?

Je travaille tout le temps. Je suis en tournée jusqu’à mai, tout en produisant mon second album. Il sera plus court que Sexor, mon premier disque, avec de la meilleure musique mais un nom encore pire.

Si tu étais journaliste, comment décrirais-tu Sexor à ceux qui ne l’ont pas écouté ?

5 étoiles, seul un fou résisterait à ces grooves qui changeront ta vie, j’aurais aimé acheter plus d’une copie mais la sécu du magasin de disque contrôlait la foule surexcité de gens bien lookés qui criaient « TIGA TIGA ». Mais je ne suis pas journaliste!

Tu es le patron du label de musiques électroniques Turbo, qui fête ses dix ans cette année, quelle est ta plus belle réussite en tant que « boss » ?

Je suis fier de notre survie dans une industrie qui a été complètement détruite et reconstruite. On a réussi à se maintenir d’ancien modèles à de tout nouveaux. Quand on a commencé, si tu voulais une chanson, il fallait l’acheter. C’était très simple. Les labels et les artistes avaient le contrôle, ou du moins un contrôle relatif sur comment la musique se propageait. Tout ça est mort aujourd’hui, il faut tout repenser.

Comment choisis tu les artistes que tu signes sur Turbo ?

Ce sont mes amis, ou ils ont fait un disque fantastique, ou je VEUX être leur ami, ou bien je sens qu’il y a une raison stratégique à essayer d’être leur ami.

Quels groupes nous recommandes-tu ?

J’aime beaucoup MGMT, j’adore aussi le dernier cd mixé de Perks N Mini (PAM), et j’écoute toujours beaucoup d’acid comme Air Liquide. Je pense que Proxy est quelqu’un de très spécial et que LCD Soundsystem sont géniaux, mais c’est pas nouveau. Et je suis sûr qu’il y a un million d’artistes super que j’ai zappé avant même d’écouter.

Comment c’était de grandir à Montréal en tant que fan de dance musique ?

Ce n’était pas facile, mais cette difficulté m’a rendu ambitieux et je suis reconnaissant pour ça. Nous n’avions pas beaucoup de magasins, une radio merdique, zéro magazine, et bien sûr pas d’internet, donc tu devais partir à la chasse pour des bribes de culture. Mais j’ai l’impression que c’est cette chasse qui permet d’acquérir des compétences.

Comment as-tu appris à mixer ?

Lentement. Pendant les premières années, ça me rendait très nerveux. Je ne m’y suis fait que graduellement, en jouant quatre fois par semaine. Les premières mixtapes sont très « intéressantes ».

Tu avais un magasin de disques à Montréal, DNA Records, que vendais-tu ?

Au départ, on gagnait de l’argent en vendant uniquement de la musique électronique : des cd’s, des compilations, les premiers disques du label MoWax, du trip hop, de la goa trance, de la techno, de la drum’n’bass, bref tout. Puis on s’est petit à petit spécialisés dans ce que je jouais lors de mes sets.

Peux-tu nous parler du club que tu as ouvert à Montréal, le Sona ?

Je l’ai ouvert et tenu de 1996 à 2000. Il y avait un programme destiné à apprendre à des sans-abris à danser.

Quelles sont tes influences majeures ?

Je suis très influence par la musique avec laquelle j’ai grandi. Depeche Mode, Nine Inch nails, KLF, la techno des 90's et la musique de rave. David Bowie et Prince ont aussi joué un rôle important ainsi que mes amis : Jesper, Jori, Dave N Steph, des écrivains, des comédiens, et d’autres.

As-tu déjà pris des cours de musique ou de chant?

J’ai joué de la clarinette à l’école, du piano deux fois (deux heures en tout), de la guitare trois (3 heures au total). Mon seul background musical c’est d’avoir aimé et collectionné la musique ; Je ne pourrais jamais jouer d’un instrument.

Quel est le meilleur conseil qu’on t’ait donné ?

Mon père m’a dit de trouvé quelque chose que j’aime et d’essayer d’en vivre.

(Le père de Tiga était DJ et a eu une carrière florissante à Goa, carrière durant laquelle il a amené son fiston avec lui, ndr).

Pour toi, quel est le meilleur remix que tu ais réalisé?

Il n’y en a pas un en particulier. Mais je suis content de celui de Thomas Anderson, de

The Kills et du “Tribulations” de LCD Soundsystem.

Quelle est ta definition d’un bon mix?

Une connexion entre deux chansons qui rend l’ensemble meilleur que la somme des parties. Un bon mix, c’est la même chose qu’un bon look : mélanger deux choses différentes pour en faire ressortir quelque chose de nouveau et d’inattendu.

Tu as designé des sweats pour H&M dont une partie des fonds allait à la lutte contre le sida, peux tu nous en parler ?

C’était destiné à recueillir de l’argent pour l’association AIDS. Ils m’ont demandé et j’étais très content de le faire. Et puis j’avais besoin de nouveaux sweats.

Comment te vois-tu dans dix ans?

J’aimerais être dans une belle maison blanche sur la plage, être écrivain, avec mes chiens, mes livres, ma famille et comme seul luxe une carte NetJets (une société de jets privés, ndr) dans ma poche. Plus sérieusement, j’aimerais être toujours curieux, et en train d’apprendre.

En tant que DJ, que penses tu de la mode des selectors et des pseudo-dj’s?

Nous sommes TOUS sélectors. Je ne perds pas mon temps à nous classifier. Certains sont juste meilleurs que d’autres, mais nous jouons tous de la musique dans le même but : faire danser les gens. Je respecterai toujours les Dj’s old –school et technique comme

Jeff Mills et Laurent Garnier, parce que c’étaient mes héros quand j’ai commencé. Pour le reste, je voudrais juste dire que nous vivons une époque musicale excitante, pleine de possibles mais je suis aussi content d’avoir dans les jambes dix ans de vieux système. C’est une bonne époque pour être musicien, juste pas le meilleur moment pour être riche en étant musicien…mais peut être que les deux n’ont jamais été faits l’un pour l’autre.

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