dimanche 19 juillet 2009

Interview de Jackson parue dans le magazine du Social Club en 2008

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Jackson

par Violaine Schütz

En 2005, après quelques tracks très prometteurs, le parisien Jackson sortait l’iconoclaste Smash et s’imposait comme le Aphex Twin français et le renouveau de la french touch à lui tout seul. Adulé par Richie Hawtin, les 2 Many DJs ou encore Laurent Garnier, la presse hype et le label Warp qui l’a signé, il enchainait alors avec une série de live et de dj sets percutants. En 2008, le fils prodige ne s’endort pas pour autant sur ses lauriers, il travaille à Berlin, sur un nouvel album et prépare son grand retour, au Social Club le 3 septembre.

Te confond-on toujours avec Michael Jackson ?

Oui, surtout en interview.


Te souviens-tu du moment as-tu su que tu voulais faire de la musique pour de bon ?

Je pense que c'est lié aux premiers vinyles que j'ai écoutés à l'âge de 8 ans. La reprise de « Satisfaction » de Otis Redding ou « All the way down » de Etta James... Ca n'a pas grand chose à voir avec le fait de faire de la musique pour de bon, mais c’est l’un des déclics qui ont fait que j’ai su tôt vers où j’avais envie d’aller.

Comment as-tu découvert les musiques électroniques ?

« Rock it » de Herbie Hancock... On expliquait qu'il y a avait un mouvement qui s'appelait le smurf... Plus tard on écoutait « rave age » avec mes potes, l'émission présentée par Patrick Rognan sur FG... Ils annonçaient des rendez-vous et donnaient des numéros de hotline pour aller dans des soirées tech. J'aimais bien le hardcore pour le coté dramatique et l'esthétique d'une jeunesse industrielle no future qui danse hilare jusqu'au petit matin dans des lieux à priori sordides.


Quand tu réécoutes Smash, ton premier album, qu’en penses-tu ?

Certains morceaux me paraissent ratés, la gestion du temps, le mixage, ça me semble relativement foireux mais j’ai l'impression que le disque est habité. Ce qui était dans mes tripes à cette époque s'entend sur ce disque.


Quelle est la plus belle chose qu'on t’ait dite à propos de cet album ?

Je ne sais pas si on me l'a dit ou si j'ai fini par m'en convaincre mais qu'on aimait faire l'amour sur cet album.


Pourquoi prendre trois ans avant de travailler sur un autre disque ?

Parce que chaque étape de l'organisation d'une vie me prend cinq fois plus de temps que la plupart des gens. Alors je m'accorde le temps d'y réfléchir et d'élaborer des stratégies pour devenir un assisté « control freak ». Aucune des sociétés avec lesquelles je traite pour commercialiser mes enregistrements ne m'a proposé de bénéficier de leurs infrastructures. Ils me filent du pognon alors je le dépense mal et je m’installe à Berlin il y a de cela trois ans.


Ton prochain album sera-t-il aussi « révolté », irrévérencieux (l’un des morceaux du précédent se nommait tout de même « Radio Caca »)?

S’il pouvait être tout simplement jouissif,ça m'arrangerait.



Tu y travailles tout seul ?

Non, j'invite quelques personnes à me rendre visite dans un espace de travail totalement secret conçu avec deux amis. Ca ressemble à un tank mais il y a un canapé bleu sur lequel je m'endors et fait des auréoles de bave.


As-tu changé ta manière de travailler ?

J'ai essayé de quitter le monde des ordinateurs que je hais par dessus tout mais j'ai fini par me rendre à l'évidence que j'en étais dépendant, donc hormis le fait que j'utilise une palette graphique à la place d'une souris, je passe mon temps à regarder un écran.


Comment s'organise une journée type de Jackson ?

Je fais des listes le matin. Je pense en dormant sur le canapé. Je fais du vélo. Je mange une saucisse et je me fais des rasades de Weinbrand (du Cognac, ndlr).

Et une nuit type ?

Je dors avec un slip en laine tricoté par une religieuse de 25 ans.

Porteras-tu toujours le nom de « Jackson and his computer band » ou un autre personnage est en gestation?

Peut-être Jackson & his wool underwear.


Après avoir été encensé, et décrit comme le « great hope of dance music » par le très respectable magazine The Wire, la pression n'est-elle pas trop forte ?

La pression est nécessaire mais je pense qu'elle vient de la vie, pas des magazines. Sans pression, je ne ferais pas de disques, je chanterais des reprises de Led Zep dans la fôret .


Tu as remixé Justice, en réalisant un « megamix » de leur album, que penses-tu de leur succès et de leur dernier clip ?

J'adore le clip. Je reste convaincu que les chocs émotionnels font avancer les esprits. Personnellement je le trouve surtout drôle puisqu'exagéré et faussement vrai, surtout quand ils cassent les congas au Trocadero. Sinon j'aime leur disque, leur concept et leurs blousons en cuir.


Tu as également remixé Femi Kuti, Air, Vanessa Paradis. De quel remix es tu le plus fier ?

Celui pour Enrico Macias

C'est quoi la chose la plus embarrassante qui t'es arrivée pendant un set ?

La première fois que j'y ai joué pour une soirée de Luciano, les mecs du club m'ont virés au bout de 30 minutes... Je mettais de la musique de jeux vidéos et du rock... Je savais pas que ce club était un temple de musique qui se répète pendant 3 jours.


En 2006, tu vendais l’un de tes morceaux à une grosse compagnie de téléphone et demandais sur ton blog myspace aux fans ce qu’ils en pensaient. Quelles sont aujourd'hui tes limites en matière d'éthique ? Qu’accepterais-tu, et que tu refuserais-tu ? Tu jouerais à la Unighted des Guetta par exemple ?

Je pense que c'est plus intéressant de vivre ces propres problèmes d'éthique que de se la raconter avec des postures pseudo militante en étant anti David Guetta par exemple. D’ailleurs oui, j'irai jouer à sa soirée avec plaisir. On parle bien de musique là. Après le jour où un parti politique te demande de leur faire un morceau c'est une autre histoire. Et le jour où on vivra sous un régime totalitaire, il faudra réfléchir à des actions plus fortes que de refuser son morceau sur une pub. J’ai posté cette question sur mon blog pour mesurer la réaction des gens, jusqu'où effectivement ils refusaient le monde de la pub... Et oui ca m’a déçu que quasi tout le monde s'en foute.


Qu'écoutes-tu en ce moment ?

Une compilation de Nat King Cole, “Magic Fly” de Space, “I need a freak” d’Egyptian Lover.

A quoi aspires-tu aujourd'hui ? A quel projet musical rêves-tu ?

J'aimerai être celui qui a inventé le smiley. Je rêve de mon projet musical toutes les nuits.


www.myspace.com/jacksonand

3 commentaires:

Gauthier a dit…

SUPER INTERVIEW !!!
Même si ça date d'un an, ça fait vraiment plaisir ;) Jackson mérite vraiment qu'on parle de lui ...
Je fais partie de ceux qui attendent son nouvel album avec impatience !

Rob a dit…

Ouais, excellent!!!

daWad a dit…

l'e.p. avec Utopia m'avait littéralement retourné le cerveau, une musique impossible à suivre et à déchiffrer à la premiere écoute...dans mon top 3 des producteurs vénérés (avec Brian Eno et Bodzin)