vendredi 25 juillet 2008

Citizen, Vitalic et les Penelopes - Article publié dans Trax en novembre 2006

Citizen
Citoyens modèles

Habituellement, quand on part en voyage de presse, c’est pour New-York ou Londres. Pourtant, c’est bien à Dijon autour d’une dégustation (arrosée) de frites maison à la graisse d’oie, que notre dernière mission nous porte. Le but, rencontrer le petit label français qui -depuis 5 ans- n’en finit de monter, Citizen Records. Des citoyens français bientôt rois du monde !

« Avec Daft Punk, l’électro représentait une petite rivière en France. Aujourd’hui, on travaille dans une flaque » constate Fred Gien, ancien programmateur de l’Anfer à Dijon et co-patron de la petite structure Citizen fondée en 2001 par un autre Dijonnais, Pascal Arbez, alias Vitalic. Mais il ne faut voir dans cette réflexion aucun pessimisme. Les deux comparses partagent un enthousiasme communicatif ainsi qu’une passion pour « un son crade, sale, en dehors des sentiers battus. On voit Citizen comme un laboratoire d’expériences un peu malsaines, à l’encontre des prods léchées. Et en même temps, on aime quand ça tape, alors on met toujours du disco dans notre musique.» A son actif, le label peut se targuer d’avoir révélé John Lord Fonda, que Fred décrit comme l’équivalent musical du Canada Dry. « On dirait de l’alcool mais ça n’en est pas. John Lord, c’est pareil. Ca ressemble à de la techno, mais ce n’est pas de la techno ». En attendant de sortir un mix de Vitalic, qui devrait refléter l’ouverture d’esprit du label, This is the sound of citizen, Fred et Pascal nous reçoivent dans leur antre, le garage en sous-sol de la villa de Fred, où se retrouvent un stagiaire, un booker et un « porteur de flycases ». Plus lycéen, tu meurs !

Véronique Jeannot version électro
Avec la même ardeur avec laquelle il nous conseillait des vins blancs au restaurant, Fred nous fait écouter les signatures à venir : les français Teenage Bad Girl et The Micronauts. « Ecoute ça, Teenage Bad Girl, c’est Justice en plus disco. Et puis, attends, ça c’est leur reprise du « Aviateur » de Véronique Jeannot qui sonne comme du M83. Cette chanson a été écrite par Souchon et Voulzy !» Pas le temps de crier au génie qu’il fait déjà tourné son morceau du moment, signé les Micronauts. Vitalic avoue : « A chaque fois que je pars en tournée, Fred me fait des compils que j’écoute en route. Ca fait 6 mois que ce titre se trouve sur la compil des copains. » Pascal tape du pied en disant cela, pendant que Fred explique : « Je procède toujours comme ça, par des bombardements d’amour. » Loin des poses parfois blasées des petits labels parisiens, l’enthousiasme de la bande de Dijon, fait plaisir. Ici, on aime viscéralement la musique, comme le confirment ces deux pères de famille : « une fois qu’on a inoculé le virus, on doit vivre avec, et accepter de mal s’occuper de ses enfants ou de laisser le travail déborder sur la vie privée » s’amuse à moitié Pascal.

25 minutes de cithare à la plage
Il y a parfois, certes, des moments de découragement. « Le plus énervant, c’est quand tu sais que tu tiens un tube mais parce que tu ne fréquentes pas les bonnes personnes dans la capitale, ça ne marche pas. On a très mal vécu de ne vendre que 1500 disques de Juan Trip » explique Fred. Mais les coups de blues sont le prix à payer d’un positionnement en dehors du son dominant, la « minimale ». « On s’est toujours dit, depuis que j’ai commencé et que c’étaient toujours les mêmes qui jouaient : Oxia, The Hacker, moi... qu’on ne voulait pas écouter toujours la même chose. On veut du sang neuf, frais, même si il est crée par un quelqu’un d’ingérable (rires). Comme Juan Trip qui, une fois lors d’un festival tek sur une plage, a joué des morceaux à la cithare de 25 minutes avec une fille chantant « je veux te toucher ». Les clubbers voulaient le tuer ! », se souvient Pascal. Citizen a donc réuni en son sein, « une bonne famille de freaks », qu’il soutient coute que coute. Pascal regrette en effet que lorsqu’il était chez Gigolo, « il n’y avait pas de suivi, pas de coup de fil, et des décisions prises sans mon aval ; C’est l’inverse avec Citizen. On a un côté « crew », famille comme dans le hip-hop où on se déplace toujours entre potes. En fin de journée, on rentre à la maison, mais il n’est pas rare que tout le monde retourne au bureau vers 23h00. Alors, on s’ouvre des bouteilles de pinard, on met de la musique et on danse. Demain, on ira tous ensemble à la foire gastronomique de Dijon.»

Fidèles Penelopes
Les petits derniers arrivés dans la famille, sont les deux Parisiens de Penelopes, qui viennent de sortir un premier album électro-dark-pop sous haut patronage (ils sont copains comme cochons avec Agnès B et figuraient sur une compilation Gigolo). Le duo se félicite du bon esprit de sa nouvelle auberge. « Je ne vois pas trop quel autre label « techno » accepterait de sortir un single Cocteau Twinien et un album aussi « dance » qu’indie pop. Citizen eux comprenaient nos idées de composition, notre approche mélodique. Ils sont assez courageux à l’image de Vitalic qui fait ce qu’il veut. Comme The Hacker aussi, ils n’en ont rien à secouer de la dictature du DJ qui veut une intro dans les morceaux, par exemple. Nous, on a fait l’inverse de ce que les gens nous conseillaient : ne venir sur scène qu’avec un laptop. On mouille le maillot, et ça leur a plu. Citizen possèdent un feeling assez « rock’n’roll » dans l’esprit qui s’est un peu perdu.» Mais avec les 15000 cd’s vendus par le label dijonnais cette année, gageons que ce « feeling » devrait bientôt se répandre et les Citizen gouverner le monde…Si la moutarde ne leur monte pas au nez !

The Penelopes – The Arrogance Of Simplicity (Citizen/Nocture)
Vitalic – This is the sound of Citizen (Citizen/Nocturne)
www.citizen-records.com

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