Texte : Violaine Schütz
Factory
Fabrication d'un mythe
Le punk, la new wave, new order, l'hacienda, Martin Hannet....Factory c'était tout ça, et plus encore. Un vrai mythe, plus encore que la factory d'Andy Warhol...La factory était une usine, mais une usine à rêves où n'officiaient que de bons ouvriers, une usine à tubes, un truc énorme.
En 1977 the clash est le meilleur groupe du monde et la jeunesse révoltée contre le conservatisme ambiant se passionne pour de nouveaux groupes teigneux et enérgiques : comme les Sex Pistols, Magazine et les Buzzcocks. Parmi eux le présentateur tv Tony Wilson.
Celui ci fonde le Factory club, afin d'y faire jouer ses groupes préférés : The Durutti Column, Cabaret Voltaire et Joy Division. Après ce concert il décide d'approfondir l'expérience en fondant un label : Factory. Pour lui, l'esprit de factory est que chacun prenne du plaisir à faire ce qu'il fait, et que les bénéfices soient partagés équitablement entre les groupes et l'entreprise : bon esprit quoi!!!
Cet état d'esprit, accompagnée de la qualité de la musique et du design allaient devenir la marque de fabique de Factory. Tony Wilson sait reconnaitre 2 créateurs de génie : D'abord en la personne du producteur Martin Hannet. Il est le responsable du premier et mythique premier album des Buzzcocks, et a produit en 78, le premier single d'Orchestral Manoeuvre in the Dark : « Electricity », chef d'oeuvre électro-pop indépassable ( bien meilleur que leur tube commercial "enola gay"). La même année, Hannet supervise l'enregistrement du premier album de Joy Division : « Unknown Pleasure ». Rythme de batterie métronomique, voix d'outre tombe et graphisme de Peter Saville. Ce dernier, fasciné par le situationnisme de Guy Debord, est à l'origine de l'esthétique unique, froide et minimaliste de Factory. Car Factory est plus que la fabrique de groupes géniaux, c'était un « concept store » avant l'heure, qui ne vous disait pas seulement quoi écouter, mais aussi comment adhérer à tout un idéal de vie : parmi les numéros fac on trouve en effet des cassettes, des videos, des posters, des badges, des concerts, des T-shirts, des cartes de voeux, et même des sucres d'orge...siglés. Factory a même décidé (avec New Oder) de créer un nouveau club, FAC 51 l' Hacienda à Manchester, qui n'allait pas tarder de devenir Madchester, à cause de la folie de sa nouvelle scène musicale, de l'ecsta et du foot. L'image de fac est reconnaissable au premier abord grâce à la pâte de Peter Saville qui opte la plupart du temps pour des formes géométriques et des couleurs tranchées. Pour la pochette de « Closer » , il crée une atmosphère inquiétante représentant de façon ultra réaliste un tombeau : cette image cristallise à elle seule la cold-wave naissante. Mais 1980, c'est aussi le chant du cygne de Ian Curtis, qui met fin à ses jours.
L'ombre s'accompagnant (presque) toujours de la lumière, et la mort de la renaissance, les trois membres de Joy restants forment "New Order". Celui-ci signe, en 1983, avec Blue Monday, une sorte de fusion entre cold-wave et disco, un morceau à la fois morose (l'ombre de Ian plane encore) et dansant (New order est né, et la house avec). Si Joy Division et New Order restent les figures les plus connues du label, d'autres formations plus discrètes méritent une écoute plus attentive.
The Durutti Column, projet musical du meilleur guitariste au monde : Vini Reilly dont la musique évoque une sorte de " désolation envoûtante, une hypnose triste " préfigurant avec dix ans d'avance tout le courant post-rock et Section 25 auteur en 1984 de From the Hip, album fantomatique et obsédant. The Wake indispensable groupe pop, sorte de New Order underground. Enfin, citons encore parmi les figures marquantes du label Cabaret Voltaire, redécouvert et remixé récemment par toute la scène electroclash, A Certain Ratio, qu'on peut redécouvrir grâce à l'impeccable réédition "early" chez soul jazz (qui réédite aussi les banlieusardes de ESG). Crispy Ambulance et plus tard Stockholm Monsters, Miaow, et l'irrésistible Cath Carroll, qui en quittant Miaow aurait pu avoir un destin à la Björk. Happy Mondays, maître de la fusion rock-house de la fin des années 80, et en partie responsables de la déchéance du label, à cause d'abus illicites divers.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire