Texte : Violaine Schütz Josef K et ses descendants Franz Ferdinand fait la première pause de sa carrière. Pendant ce temps, leur label Domino poursuit des fouilles archéologiques, en sortant une compilation des Ecossais Josef K. La plus grosse influence de Kapranos et sa bande. On a saisi l’occasion pour retrouver le parrain Paul Haig, et aborder (enfin) avec recul ce son « art rock » mélodique et livide, qui n’en finit plus d’affoler les dancefloors en perdition. En espérant danser encore longtemps, la larme à l’œil et le cœur affolé au son des disciples du maître. Heureux celui, qui, jamais de sa vie, n’a écouté Josef K. Car il s’apprête à découvrir une mine mélodique d’une richesse incroyable. Début 1980, Josef K n’était rien de moins que la plus belle promesse pop de l’Ecosse. Leur post-punk sonnait comme le désordre agencé de rythmes de funk blafard, de paroles pessimistes et d’une voix (celle de l’immense Paul Haig), entre volupté de crooner et noirceur new-wave. Tout cela faisait de Josef K (avec ses confrères Orange Juice, et The Fire Engines) le fer de lance d’un mouvement-l’école écossaise- qui allait influencer une ribambelle de groupes de l’époque et plus étonnamment, d’aujourd’hui. Sans Josef K, il n’y aurait pas eu Franz Ferdinand, ni Maxïmo Park. « Il a été dit que nous avons influencé pas mal de groupes. Alex Kapranos a aussi déclaré plusieurs fois que sans Josef K, ils n’auraient jamais existé. Je les crois, car nous même étions très influencés par Pere Ubu, Television et Joy Division. » La mécanique du fan qui passe de simple auditeur à créateur parce qu’il a été fortement marqué par un groupe, on connaît. Mais il y a quelque de plus qui justifie l’impact de Josef K. Paul Haig le touche du doigt lorsqu’il note : « Josef K était un mode de vie. Il suivait un sentiment naturel d’aliénation courant à ce moment là. Je pense que nous avons fait une musique importante car elle n’est pas ressentie pas comme datée dans le climat actuel.” Pourquoi des groupes actuels comme Franz Ferdinand vont puiser leurs racines dans une époque aussi obscure ? Faut-il y voir une concordance des temps entre l’Angleterre fatiguée de la fin 70’s et celle de la fin 2006 ? Une Angleterre qui placarde en couverture de sa bible pop vieillissante, le NME, des Klaxons, tout smileys dehors, déclamant : « Ce pays a besoin de faire la fête. Ce pays a besoin de nous ! ». Paul Haig explique : « Quand nous tournions en Hollande, nous sommes tombés sur un poster nous décrivant comme une « vague de dépression » (rires)! Il y avait une obscurité saine dans notre musique, et j’ai toujours cherché à rendre le désespoir supportable, avec des beats dance.” Aujourd’hui, Paul, qui vit toujours à Edimbourg, bosse sur des tracks techno. Il avait commencé à la mort de Josef K, en 1981, dissolvant le groupe pour une question de survie : « Josef K était un mal qu’il fallait éradiquer. » A l’instar de New Order après le suicide de Ian Curtis, Haig faisait son coming out disco avec des chef d’œuvres électro pop comme The Warp Of Pure Fun. Aujourd’hui, les groupes anglais les plus intéressants (FF, Maxïmo Park mais aussi Art Brut) piochent dans cette aptitude toute british (l’humour noir ?) à injecter un groove insidieux à des riffs rock. Il était temps. Temps que la pop devienne plus complexe. Temps qu’une compil de Josef K sorte pour que les rockeurs arrêtent le crack cinq minutes et se penchent sur le passé…afin d’écrire des hymnes de dance rock subtil qui resteront gravés pour l’éternité... Entomology (Domino/Pias)
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